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Crimes contre l'humanité en Chine


Conférence sur la lutte contre le tourisme de transplantation d’organe
Intervention de l’hon. David Kilgour, J.D.
19 octobre 2010 à 16h00
4e bureau du Palais Bourbon
Assemblée nationale
126, rue de l’université, Paris

Tout d’abord, je tiens à remercier Mme la députée Valérie Boyer et les 58 co-signataires de ce projet de loi qui vise à lutter contre le tourisme d’organes, ainsi que les professeurs Lavee et Navarro, et finalement l’organisme Médecins contre le Prélèvement Forcé d’Organes (Doctors Against Forced Organ Harvesting) pour leur participation à cette conférence.

J’ai une très grande admiration pour le peuple chinois. Permettez-moi de rappeler, en parlant des crimes en Chine, que Liu Xiaobo, le premier Chinois à avoir obtenu le prix Nobel de la Paix, est emprisonné actuellement pour onze ans. Son « crime » ? Demander la démocratie et la règle de droit pour ses compatriotes chinois. Tous les vrais amis de la Chine doivent prendre conscience de la réalité actuelle.

À l’heure actuelle, un nombre inconnu de reins provenant de citoyens désavantagés font l’objet d’un trafic pour de l’argent dans un certain nombre de pays. Ces organes sont destinés à des « touristes de greffes » venant d’autres pays ou de riches habitants de leurs propres pays. Dans la plupart des cas, on nous dit que les donneurs survivent à la perte d’un rein, mais très souvent, c’est au détriment de leur propre santé, voire de leur vie.

Ce n’est qu’en Chine que les « donneurs » – pratiquement tous des prisonniers du Falun Gong ou des détenus criminels – meurent tous sans exception, au cours des opérations de prélèvement d’organes, parce qu’on leur enlève leurs organes vitaux. Les législateurs en France, au Canada et dans chaque pays responsable devraient se préoccuper de ces crimes contre l’humanité.

Falun Gong

Le Falun Gong cherche à améliorer le corps et l’esprit. Il contient des éléments venant de disciplines traditionnelles comme le Bouddhisme et le Taoïsme, auxquels s’ajoute une série d’exercices. Ses valeurs fondamentales sont « la vérité, la compassion et la tolérance ». Des gens pratiquent cette méthode dans plus d’une centaine de pays.

En Chine, où le mouvement est apparu en public en 1992, il s’est développé jusqu’à atteindre en sept ans de 70 à 100 millions d’adeptes selon une estimation gouvernementale. Le succès de la pratique a engendré la jalousie du dirigeant Jiang Zemin. L’incitation à la haine à l’encontre du Falun Gong véhiculée par la propagande dans les médias du Parti à travers toute la Chine a eu de nombreuses conséquences tragiques, et plus particulièrement, la commercialisation généralisée de leurs organes à des « touristes de greffes » et de riches Chinois du pays.

La torture, les viols, les passages à tabac entraînant la mort, les détentions dans des camps de travaux forcés, les lavages de cerveau – tout cela est devenu le lot journalier d’un grand nombre de Falun Gong à travers la Chine à partir de juillet 1999. Les pratiquants ont répondu par une défense non violente en Chine et à l’étranger.

Expérience de la pratiquante Chen Ying

« En 1998, j’ai rejoint mon ex mari qui travaillait au service culturel de l’Ambassade de Chine en France… En décembre 1999, je suis retournée en Chine pour une visite familiale. Comme je ne voulais pas renoncer à mes convictions de Falun Gong, entre février 2000 et novembre 2001, j’ai été enfermée arbitrairement à trois reprises sans aucune procédure judiciaire.

« Chaque fois que j’ai été détenue, j’ai toujours été maltraitée et torturée par des policiers. … Fin septembre 2000, comme je n’avais jamais dit mon nom, j’ai été appelée par les policiers et ils m’ont conduite dans un hôpital pour un examen médical complet, cardiaque, sanguin, oculaire etc. J’ai été enchaînée et attachée à des encadrements de fenêtres. Les policiers m’ont fait des injections de substances inconnues. Suite à ces injections, mon coeur battait anormalement vite. Chaque battement me donnait l’impression que mon coeur allait exploser…»

Les revenus des ventes d’organes

Après 1980, le Parti-état a coupé progressivement les subventions accordées au système de santé chinois. Vendre les organes de condamnés exécutés est rapidement devenu une source majeure de revenus car la demande mondiale a créé un manque d’organes chronique. Le Falun Gong est devenu plus tard une source supplémentaire d’organes pour les patients en Chine et ailleurs. De nombreux Falun Gong ont été envoyés dans des camps de travaux forcés au cours de la deuxième moitié de 1999 sans aucune forme de procès et avec seulement une signature de la police. Par la suite, les tarifs des organes sont publiés sur les sites web en Chine. Les hôpitaux se ventent sur leurs sites web de l’argent qu’ils font grâce à la vente des organes.

41 500 greffes d’organes

Les pratiquants de Falun Gong aujourd’hui représentent environ les deux tiers des victimes de torture et la moitié des personnes envoyées dans les camps de travaux forcés en Chine. Selon les recherches réalisées par David Matas et moi-même et publiées dans notre ouvrage Prélèvements Meurtriers, des milliers de pratiquants ont été tués depuis 2001 pour alimenter un trafic d’organes destiné à des patients chinois et étrangers. Matas et moi-même en sommes arrivés à la conclusion que l’on ne pouvait expliquer la provenance des 41 500 greffes qui avaient été réalisées entre 2000 et 2005 que par les Falun Gong.

La principale conclusion de notre livre est « qu'il y a eu et continue d’y avoir aujourd'hui des prélèvements d'organes à grande échelle sur des pratiquants de Falun Gong non consentants... Leurs organes vitaux, notamment le coeur, les reins, le foie et les cornées ont été prélevés en même temps sans leur consentement et vendus à prix très élevés, parfois à des étrangers qui normalement doivent attendre très longtemps des donneurs volontaires dans leur pays d’origine. » Notre deuxième rapport est accessible en 18 langues dont le français sur le site www.david-kilgour.com.

Développements récents

· Les efforts engagés par beaucoup en Chine et dans le monde pour mettre fin à ces épouvantables crimes contre l’humanité ont-ils changé quelque chose ? Notre livre met en lumière différents développements en Chine et à l’extérieur qui se sont produits depuis la publication de notre premier rapport en 2006, mais, pour sauver de temps, je n’en mentionnerai que deux :

    En 2009, le ministre de la Santé adjoint chinois Huang Jeifu a déclaré qu’ « il n’est absolument pas correct que les organes destinés aux greffes proviennent de prisonniers exécutés. » En juillet 2005, il a indiqué que jusqu’à 95 % des organes transplantés en Chine proviennent de personnes exécutées1.

    · Le sénateur belge Patrick Vankrunkelsven et le parlementaire canadien Borys Wrzesnewskyj ont l’un et l’autre fait insérer dans leurs parlements respectifs une législation extraterritoriale interdisant le « tourisme de greffes ». Les deux pénalisent tout patient transplanté qui est ou aurait dû être au courant de l’absence de consentement du donneur.

Réalités actuelles

Malheureusement de tels développements n’ont pas encore mis fin aux assassinats et au trafic d’organes en Chine. Depuis que nous avons commencé nos travaux, le nombre de personnes condamnées à mort et exécutées en Chine a diminué de façon significative, mais le nombre de greffes d’organes, après un léger recul, est remonté à des niveaux encore plus élevés. A part les organes provenant des Falun Gong, la seule autre source substantielle d’organes pour les greffes en Chine est les condamnés à mort ; une baisse du nombre des organes provenant des condamnés à mort signifie donc une augmentation des organes provenant des Falun Gong.

En 2005, on estimait qu’il y avait 340 camps dans toute la Chine avec une capacité de 300 000 travailleurs. D’autres estimations sont beaucoup plus élevées. En 2007, un rapport du gouvernement américain estimait qu’au moins la moitié des prisonniers dans les camps étaient des Falun Gong. Les chirurgiens militaires participent à ce pillage d’organes et les avions de l’armée transportent les organes depuis les camps situés en régions rurales jusque dans les villes principales où les patients attendent des organes compatibles. Au préalable, la compatibilité sanguine et tissulaire des organes est déterminée par ordinateur.

Recommandations

En ce qui concerne le trafic d’organes en Chine, David Matas et moi-même encourageons tous les membres de l’Assemblée nationale à prendre en compte nos recommandations :

Demander avec insistance au Parti-état de Chine de :

  • Arrêter la répression du Falun Gong
  • Arrêter de piller les organes de tous les prisonniers
  • Retirer l’armée du commerce des greffes d’organes
  • Etablir et réguler un système légal de donneurs d’organes
  • Ouvrir tous les centres de détention, y compris les camps de travaux forcés, pour des enquêtes internationales
  • Libérer le lauréat Nobel Liu Xiaobo et Gao Zhisheng, un avocat des droits de la personne et défenseur du Falun Gong, et permettre à ces deux héros nationaux et à tous les autres prisonniers de conscience de retrouver leurs familles. Le fait qu’ils soient encore incarcérés montre à quel point le régime a peur de ses propres citoyens.

Mettre en place les mesures suivantes jusqu’à ce que le Parti-état de Chine arrête de piller les prisonniers :

  • Les professionnels du monde médical en France et dans tous les pays qui respectent les droits de l’homme devraient décourager activement leurs patients de se rendre en Chine pour y subir une greffe d’organe
  • Aucun gouvernement ne devrait accorder de visas à des médecins chinois souhaitant suivre une formation dans le domaine de la greffe d’organe
  • Les médecins étrangers ne devraient pas aller en Chine donner de cours de greffes d’organes
  • Les contributions soumises à des publications médicales à l’extérieur de la Chine sur l’expérience de la Chine dans le domaine des greffes devraient être rejetées
  • Toutes les entreprises pharmaceutiques devraient se voir interdire par leurs gouvernements respectifs l’exportation vers la Chine de produits utilisés uniquement dans les cas de greffes d’organes
  • Les parlements nationaux devraient promulguer des législations extraterritoriales pénalisant les greffes d’organes réalisées sans consentement
  • Tous les gouvernements devraient interdire l’entrée sur leur territoire aux personnes connues pour leur participation à un trafic d’organes sans consentement.

Conclusion

Pour conclure, en tant que membre du comité bénévole international de l’ONG Freedom Now, qui assiste Liu Xia, l’épouse de Liu Xiaobo, et Geng He, l’épouse de Gao Zhisheng, permettez-moi de dire :

  • Le prix Nobel de la paix 2010 a été attribué à Liu pour ses efforts non violents « en faveur des droits de l’homme en Chine ». Son gouvernement, néanmoins, le condamne sans aucune règle de droit, à onze ans de prison pour avoir été co-auteur de la Charte 08, texte réclamant une Chine démocratique.

  • Parmi de nombreux autres, quatre experts de l’ONU ont exhorté Pékin à le libérer « immédiatement », y compris le Rapporteur pour la liberté d’opinion et d’expression, le président-Rapporteur du Groupe de travail sous la détention arbitraire, le Rapporteur sous la situation des défenseurs des droits de la personne et le Rapporteur sur l’indépendance des juges et des avocats. Ils disent dans un communiqué « une peine aussi sévère pour ses activités (…) est une violation flagrante des droits... »

Le professeur de droit Jerome Cohen a écrit récemment dans le South China Morning Post de Hong Kong : « Depuis la tragédie du 4 juin 1989 de Tiananmen, les dirigeants chinois n’ont jamais été aussi déconnectés que maintenant de l’humanité ». Qui peut le contredire ?

Merci à tous.


1. Voir page 135 de l’ouvrage Prélèvements meurtriers.

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