La Mission des Nations Unies au Congo (Monuc) ne jouit pas
présentement de la faveur de la population du Nord-Kivu qui perd de
plus en plus confiance dans l'activité des Casques bleus dans cette
province. Le sondage " Les Points " publié jeudi à Kinshasa crédite
cette mission de " 6% " d'avis favorables. L'enquête menée à Goma, au
début des combats en cours entre le Cndp de Laurent Nkundabatware et
les Fardc, atteste également l'impopularité de ce mouvement
politico-militaire. Celui-ci arrache le soutien des " 3% " de
l'échantillon de 500 personnes sondées dans la capitale du Nord-Kivu
entre les 28 et 29 août dernier.
L'échantillon composé de " 45,5% " de femmes et " 54,5% " d'hommes
dont l'âge minimal est de 18 ans, rappelle justement l'ambiance en
2004 lorsque Laurent Nkundabatware et Jules Mutebusi ont occupé la
ville de Bukavu sous la barbe de la Monuc. Autant les Congolais
s'étaient soulevés en plusieurs endroits contre cette mission, autant
la population de Rutshuru et de Kiwanja a manifesté mercredi contre la
Monuc.
Au regard des espoirs placés par les Congolais dans cette mission, sa
cote est aujourd'hui aussi bas dans les sondages suite à son
incapacité avérée de remplir correctement son mandat dans ce pays, au
bout de plus de 9 ans de sa présence sur ce territoire. Pire, des
Casques bleus sont par moment accusés de pactiser avec " l'ennemi "
qu'ils sont appelés à combattre. En Ituri et dans les Kivu, des
soldats de la paix auraient trempé dans des trafics éhontés avec des
milices, et des éléments Fdlr sans parler de ceux du Cndp. Pour ce
dernier le colonel du contingent indien, Chand Saroha en poste dans le
Nord-Kivu avait exprimé sa sympathie à leur endroit et à leur chef.
D'autres témoignages notent des faveurs accordées aux éléments du Cndp
par des Casques bleus. Ces derniers n'hésitent pas de confier des
véhicules de la mission de l'Onu aux soldats du Cndp qui s'en servent
pour leurs " courses "... Ce qui est scandaleux, dans la mesure où ces
engins de l'Onu ne transportent pas de tierces personnes qui ne font
parties de la mission. Rarement, les véhicules de la Monuc
transportent des éléments de la police et/ou de l'armée nationale en
mission conjointe avec des Casques bleus.
Et jamais de civils qui ne sont pas agents de la mission. Est-ce que
la Monuc effectue-t-elle des missions avec le Cndp ? Peut-être. Ce qui
fâche c'est de voir des éléments Cndp seuls à bord des véhicules de
l'Onu dans le Rutshuru. La sanction des personnes sondées à Goma est
aussi sévère à l'endroit de toutes ces institutions créées pour
restaurer la paix, mais qui sont considérées inefficaces dans cette
tâche, à leurs yeux. Ainsi le programme Amani est accablé de "
favoriser Nkunda (…) " et " 14% " seulement des enquêtés prétendent
soutenir ce programme face à " 73% " d'avis contre et " 13%
d'abstention ".
Espoir en vue
Le changement du commandement à la tête de la force de la Monuc est
une donne que caresse présentement le peuple congolais quant à
l'accomplissement du mandat de cette mission de l'Onu. Comme nous
l'avons titré dans une de nos précédentes éditions, le remplacement du
sénégalais Babacar Gaye par l'espagnol Vincente Diaz de Villegas peut
aboutir à un changement de la tactique des Casques bleus. Un nouveau
commandement a cet avantage de l'absence de la familiarité qui milite
souvent aux mutations, si ce n'est suite à l'incompétence.
Contrairement au général Babacar Gaye probablement usé par la routine,
Vinvente Diaz de Villegas aura naturellement l'intention d'innover
quelque part. S'il ne le fait pas, et que le statu quo demeure ou les
ennemis de la paix au Congo deviennent plus forts et arrogants, la
thèse d'un complot international ourdi contre ce pays sera la plus
valable. La prestation de ce général espagnol sera en soi un test sur
l'efficacité de la Monuc à contribuer efficacement à la restauration
de la paix dans ce pays. Si rien ne change après sa prise de
commandement dans la première quinzaine de ce mois, la Monuc va perdre
plus de points au sein de l'opinion congolaise.
Et elle devrait se désengager carrément des opérations militaires pour
se consacrer du social par la désaffectation de son mandat originel.
Le politicien congolais qui avait émis cette idée tout comme le
ministre congolais de la Défense, Chikez Diemu qui appelle la
communauté internationale à s'assumer, tous deux n'ont pas tort. En
fait, que fait la Monuc du chapitre 7 de la charte de l'Onu qui lui
accorde le droit d'user de la force pour imposer la paix là où elle
fait défaut ?
Jusques à quand doit-on continuer à caresser les perturbateurs de la
paix. Avec un franc parlé et un courage politique admirables, Chikez
Diemu a effectivement fustigé " la complaisance de certains membres de
la communauté internationale ". Le ministre congolais de la Défense a
réellement du mal à reconnaître la Monuc sous un mandat aussi élevé au
moment où elle se comporte comme une simple " mission d'observation "
de niveau inférieur au chapitre 7. Il y a de quoi faire réfléchir.