Malgré l'adoption d'une loi pour la protection des dénonciateurs et la
création d'un poste de commissaire à l'intégrité dans la fonction
publique, le gouvernement conservateur n'a toujours pas tenu sa
promesse de mettre fin au harcèlement contre les fonctionnaires
dénonciateurs, a signalé hier le député néo-démocrate Paul Dewar.
Après dix ans dans l'affaire de la dénonciatrice Joanna Gualtieri, on
ne sait toujours pas quand sa cause contre le gouvernement fédéral
sera entendue. Et pendant tout ce temps, elle a eu à répondre à 10 569
questions et le ministère de la Justice a accumulé de la documentation
qui atteint désormais la hauteur d'un édifice de cinq étages.
Le sort réservé à cette dénonciatrice qui travaillait au ministère des
Affaires étrangères et ceux de sept autres cas de fonctionnaires
connus, a été dénoncé hier par le député néo-démocrate
d'Ottawa-Centre.
Il demande au gouvernement Harper de tenir sa promesse de mettre fin
aux procédures abusives contre ces fonctionnaires fédéraux qui
dénoncent les actes répréhensibles dans la fonction publique fédérale.
"En tant que député d'une circonscription comptant un grand nombre de
fonctionnaires, j'ai pris connaissance d'un nombre extrêmement élevé
de cas de harcèlement à l'endroit de dénonciateurs", a indiqué hier le
député Dewar. "Le cas de Joanna Gualtieri trahit les lacunes du
système canadien de protection des dénonciateurs et signale à tous que
le gouvernement n'a pas tenu la promesse qu'il avait faite à nos
fonctionnaires consciencieux."
En 1992, Mme Gualtieri avait constaté un cas de gaspillage de fonds au
ministère des Affaires étrangères, qui recoupait notamment un rapport
du Vérificateur général du Canada. Après sa dénonciation, elle affirme
avoir fait l'objet de harcèlement et d'intimidation au travail et elle
a été forcée de quitter son emploi. Il y a maintenant dix ans, elle
avait décidé avec un collègue d'intenter une poursuite contre ses
anciens patrons, mais sa cause traîne toujours devant les tribunaux et
rien ne laisse présager un règlement prochain.
Documentation volumineuse
"Nous venons d'apprendre à quel point volumineuse est la documentation
du ministère de la Justice sur ce cas d'espèce : si nous empilons tous
les dossiers, cela ferait une colonne plus haute qu'un édifice de cinq
étages", a fait savoir David Hutton, le directeur exécutif du Federal
Accountability Initiative for Reform, un groupe de défense des
dénonciateurs.
"Lors de la dernière campagne électorale, M. Harper a cité le cas de
Mme Gualtieri à l'appui de sa promesse d'assurer aux dénonciateurs une
protection à toute épreuve. Une fois au pouvoir, son gouvernement a
trahi la promesse faite à nos fonctionnaires consciencieux et continue
de recourir aux tactiques dilatoires dont Mme Gualtieri fait les frais
depuis 10 ans. Il est temps de cesser de reléguer les cas de
dénonciation aux oubliettes".
Le député Dewar soutient qu'au moins sept fonctionnaires fédéraux se
retrouvent présentement dans une situation similaire face au
gouvernement.
Le directeur exécutif de FAIR rappelle que le dernier rapport annuel
de la commissaire à l'intégrité, Christiane Ouimet, n'a constaté aucun
acte répréhensible au sein de l'appareil fédéral, ce qui est difficile
à croire, selon lui.
"Cela démontre les lacunes du régime mis en place par le gouvernement,
affirme M. Hutton. Il y peu de fonctionnaires qui vont vouloir
dénoncer des actes répréhensibles quand ils savent ce qui arrive à
ceux qui osent le faire."
pgaboury@ledroit.com