Search this site powered by FreeFind

Quick Link

for your convenience!

Human Rights, Youth Voices etc.

click here


 

For Information Concerning the Crisis in Darfur

click here


 

Northern Uganda Crisis

click here


 

 Whistleblowers Need Protection

 

LA PAIX N’EST-ELLE QU’UNE VUE DE L’ESPRIT?

LA PAIX N’EST-ELLE QU’UNE VUE DE L’ESPRIT?

Allocution prononcée par l’Honorable David Kilgour

Colloque

Palais du Luxembourg – 15 rue de Vaugirard

75006 Paris

11 janvier 2007 
 

Le mot « paix » évoque des significations différentes selon le contexte, mais mon exposé ici s’en tiendra principalement au sens qui entend une absence totale de conflit violent ou de compétition économique injuste.  

Cet exposé comprendra des réflexions sur l’élaboration de la démocratie, sur le fait de considérer que chaque peuple à la même importance au niveau international; sur la nécessité de mieux expliquer les crises à nos publics respectifs, sur les droits humains, le commerce équitable et d’autres problèmes avec la Chine et la vie avec la Russie de maintenant. 

    1. Les communautés démocratiques de par le monde doivent travailler de façon plus soutenue, plus intelligente et plus efficace pour promouvoir dans le monde entier l’émergence de la démocratie afin, entre autres raisons irréfutables, de vivre sur une planète plus sûre.
 

Un européen illustre, Emmanuel Kant, a été le premier penseur à faire remarquer dans un ouvrage, la Paix Perpétuelle : Une ébauche philosophique, que les gouvernements qui sont élus par le peuple, c’est-à-dire les gouvernements démocratiques, ne se font pas la guerre. De nos jours, l’idée selon laquelle les démocraties ne se battent pas les unes contre les autres est connue sous le nom de « Théorie de la Paix Démocratique ».  

La quarantaine de dictateurs qui sont encore au pouvoir font beaucoup de dégâts, aussi bien au niveau national qu’au niveau international. Une étude démontre qu’entre 1816 et 1991, sur les 353 conflits classés comme « guerres internationales majeures », tous impliquaient un ou plusieurs pays non démocratiques. Attendu que pas une seule guerre n’a opposé deux démocraties, la leçon principale est claire : pour éviter la violence entre les nations, il faut promouvoir la démocratie.  

Les pays de la Communauté Européenne et le Canada devraient encourager de manière efficace les nouvelles démocraties ainsi que les démocraties restaurées ou émergentes. Nos gouvernements respectifs sont-ils suffisamment clairs vis-à-vis des dictateurs du monde sur le fait que nous nous tenons du côté de leurs peuples en adoptant des politiques et des actions qui soutiennent le bien-être et les droits humains des civils et que nous ne sommes pas les complices des tyrans de quelque tendance politique que ce soit ? Nos ambassades et nos consulats encouragent-ils activement les gouvernements de tels états à s’orienter vers cette direction, et encouragent-ils leurs administrations quand elles existent à mettre en place des éléments de ces institutions démocratiques ? Assurément, la démocratie qui se décline sous une multitude de formes, n’implique pas un modèle économique particulier. Je me permettrais d’ajouter ici que dans la plupart des 67 dictatures qui se sont écroulées depuis 1972, la résistance civile pacifique – grèves, boycotts, manifestations, désobéissance civile – a été un facteur déterminant.  
 
 
 
 
 

David Kilgour est un ancien secrétaire d’Etat du Canada (Asie-Pacifique, 2002-2003 ; Amérique Latine et Afrique, 1997-2002) et membre du parlement depuis 1979

 

    1. Les Nations Unies et la communauté mondiale dans sa globalité doivent considérer que les peuples ont tous une valeur et une importance égale
 

Cela implique des changements à la fois majeurs et subtils au niveau politique et au niveau comportemental, mais je vais tenter d’illustrer ce point en me référant uniquement au cas de la Birmanie (Myanmar).  Les régimes militaires qui, depuis 1962, écrasent de façon catastrophique ce peuple doux et ce pays magnifique, font partie des régimes les plus impitoyables, les plus violents et les plus sanguinaires en matière de violations systématique des droits humains. Ils ne tiennent aucun compte des épidémies, des trafics notoires d’êtres humains et de narcotiques et ils sont à l’origine du déplacement de milliers de gens et de réfugiés à l’intérieur même du pays. 

Nombreux sont les personnes qui demandent pourquoi il a fallu attendre le 15 septembre 2006 pour que le Conseil des Nations Unies ajoute la Birmanie à son ordre du jour sur son travail pour la paix. Les membres permanents de ce conseil qui ont de gros intérêts commerciaux en Birmanie (la Chine et la France), laisseront-ils maintenant au Conseil la possibilité d’agir de façon efficace face au chaos et au massacre des civils par des militaire, en faisant par exemple passer des membres de la junte devant la Cour Internationale Criminelle et en offrant une protection suffisante aux victimes? Le Conseil parviendra-t-il à libérer de son assignation à résidence la lauréate du Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi après plus de 10 années de vie très difficile pour cette héroïne tant admirée de la démocratie ? Et nous, de par le monde, nous qui sommes si touchés par la situation critique de 50 million de birmans, sommes-nous capables de mettre en place maintenant une coalition en faveur de la démocratie en Birmanie ? 

    1. Les médias, les gouvernements, les éducateurs et les parlementaires du monde entier devraient mieux expliquer les éruptions de violence et les causes qui les sous-tendent pour promouvoir une action efficace de la communauté internationale de manière à éviter que de telles crises n’empirent.

____________________________________________________________ 

Prenons par exemple la catastrophe persistante du Darfour. Combien de ressortissants français, européens et canadiens savent que des centaines de milliers de civils dans la province soudanaise du Darfour ont péri au cours de ces quatre dernières années, et que sans doute la moitié d’entre eux ont été assassinés par des agents du gouvernement de Khartoum tandis que les autres décès sont dus à des causes annexes, comme la famine ? Combien sommes-nous à savoir que des fillettes de 8 ans ont été violées par des gangs alliés à cette même dictature raciste ? Combien sont-ils encore à croire l’ineptie, qui sert bien leurs intérêts, selon laquelle la tragédie qui se déroule en ce moment dans le Darfour n’est qu’une « guerre tribale » ? Où sont donc la plupart des médias indépendants du monde – à part quelques rares et honorables exceptions – alors que de telles atrocités continuent sans frein ? 

Où se trouve donc le Conseil de la Sécurité des Nations Unies quand on a besoin de lui ? Assurément, l’obstacle principal qui empêche de sauver le Darfour est l’indifférence de certains leaders au sein de trop de gouvernements, eux qui, après Srebrenica et d’autres atrocités, étaient prêts à intervenir en Bosnie et au Kosovo pour mettre fin à des violences similaires dans les années 1990, mais qui ne sont toujours pas prêts à faire de même pour le Soudan. Ils justifient en partie leur inaction en se disant que des gouvernements plus proches et qui ont les moyens d’arrêter le carnage ne le font pas. Ils attendent pendant que des gens meurent chaque jour.  

    1. La dictature la plus importante au monde : la Chine, est un facteur déterminant dans la construction de la paix; les leaders du monde entier devraient maintenant demander à ce que Pékin passe à l’action en ce qui concerne les droits humains et d’autres engagements pris pour gagner les Jeux Olympiques de 2008
 
 

Si les choses ne s’améliorent pas rapidement, je pense qu’il est fort probable que des gouvernements, des ONG et des personnes privées parleront en faveur des droits humains et d’autres problèmes en Chine, et ceci, même au cours des Jeux Olympiques en août 2008. Les vrais amis du peuple chinois dans le monde devraient ainsi rester constamment en contact avec le gouvernement de Pékin, tout en approuvant les transformations pacifiques vers une société ouverte et démocratique, qui possède toutes les caractéristiques d’un pays moderne responsable, y compris l’autorité de la loi.  

La portée des relations entre l’Union Européenne (UE) et la Chine est déjà large et va grandissant. Par exemple, le commerce entre l’UE et la Chine a augmenté de 25% en 2003 et de pratiquement 40% en 2004, et le total des échanges commerciaux avoisine à l’heure actuelle les 200 billions d’Euros annuels, quoique le surplus soit largement en faveur de la Chine. J’ai cru comprendre que le seul déficit annuel de la France avec la Chine se chiffre à 19 billions de dollars américains. Combien d’emplois perdus en France sont représentés par ce phénomène ? 

De plus, les gouvernements de l’UE, les entreprises et les sociétés civiles ont-ils pris en compte les facteurs suivants : 

  • Quand les industriels chinois s’attaquent à un secteur spécialisé dans un pays quelconque, les industries de ce secteur et leurs employés en subissent les terribles conséquences. Prenez la République Tchèque : fin 2004, son taux de chômage est monté jusqu’à 9.5% - 541 675 personnes se sont retrouvées sans emploi sur une population d’environ 10 million. Dans le cas de l’Afrique du Sud, on m’a dit qu’au moins 67 000 emplois, dont la population avait terriblement besoin, ont été perdus récemment pour la même raison. Les industries textiles dans le monde entier subissent une pression énorme, et la raison principale en est que le système économique mis en place maintenant par la Chine et que j’appelle le « capitalisme carnivore », exploite terriblement, et les gens qui travaillent pour la Chine, et leur environnement.
  • Le déficit du Canada avec la Chine se situait autour de 17 billions de dollars canadiens en 2004 et ce phénomène pourrait coûter aux canadiens plus de 50 000 pertes d’emplois par an. C’est efficace pour combattre l’inflation, mais à quel prix humain ? Pas plus tard que la semaine dernière, les pneus Goodyear près de Montréal ont annoncé qu’ils allaient arrêter la production, mettant donc fin à 800 sources de revenus. Y a-t-il un spécialiste en économie politique pour considérer cette situation comme étant longtemps viable ? En outre, le gouvernement en Chine subventionne-t-il encore ses exportations en intervenant sur la monnaie et les subventions indirectes, contrairement aux obligations solennelles qu’elle a prononcées auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce ? Est-ce que la Banque Populaire de Chine, par exemple, fournit des comptes-rendus exacts de ses transactions commerciales à son propre peuple, aux investisseurs étrangers et au monde ?
  • Nos dirigeants se sont-ils inquiétés de savoir si nos investissements respectifs dans le secteur privé en Chine n’aggravent pas les inégalités sociales déjà existantes là-bas ? Pour ce qui est des disparités de salaires entre les zones rurales et urbaines, un projet de la Banque Mondiale a découvert que dans 35 zones rurales défavorisées, 4 enfants sur 10 entre les âges de 7 et 15 ans n’étaient absolument pas scolarisés.
 

DROITS HUMAINS 

Les membres du Conseil des ministres en Europe et au Canada soulèvent-ils de façon persistante auprès du gouvernement chinois les inquiétudes au sujet des droits humains dans ce pays ? Les rencontres annuelles sur les droits humains dans certains de nos pays - et celle de dimension internationale qui a lieu chaque année à Berne – paraissent, aux yeux de certains observateurs, ne plus être que des comédies dénuées de sens. En outre, les victimes ne se sentent-elles pas oubliées quand de telles discutions se déroulent derrière des portes closes ?  

Et que dire de Gao Zhisheng, l’avocat sans doute le plus célèbre et le plus courageux de toute la Chine, et de sa famille ? Comment peut-on condamner un avocat à huis clos, comme cela s’est passé récemment, pour « incitation à la subversion », parce qu’il demande l’indépendance des juges, l’état de droit, la démocratie et le respect des droits humains fondamentaux dans tout pays qui accueille aujourd’hui les Jeux Olympiques ? Comment sa femme et ses enfants peuvent-ils être suivis, harcelés et même battus par des groupes de policiers qui les suivent sans arrêt ? Si de tels mauvais traitements continuent à leur être infligés, j’ai la certitude que de nombreux gouvernements, ONG et personnes privées se feront entendre. 

Des observateurs indépendants des droits humains en Chine, dont une rencontre d’une vingtaine de responsables nationaux d’Amnesty International l’année dernière, en sont arrivés à la regrettable conclusion que depuis que Hu Jintao est arrivé au pouvoir en 2003, la situation générale s’est détériorée de façon significative. Les Falun Gong, les ouïgours, les démocrates, les musulmans, les chrétiens, les journalistes, les tibétains, les bouddhistes, les utilisateurs d’Internet – tous et beaucoup d’autres ont souffert de l’oppression du parti qui s’est empirée. Permettez-moi de vous faire part de certaines réflexions au sujet de la persécution du Falun Gong et de celle des Ouigours (vous pourrez trouver une déclaration plus longue sur mon site: www.david-kilgour.com): 

  • Falun Gong : L’enquête indépendante menée par David Matas et moi-même et publiée l’été dernier en est arrivée à la regrettable conclusion que le gouvernement chinois et ses agences volent à une grande échelle les organes vitaux des prisonniers de conscience du Falun Gong ; cette enquête est maintenant traduite en 18 langues et peut être consultée à www.organharvestinvestigation.net. Depuis, nous nous sommes également rendus bénévolement dans une trentaine de capitales nationales pour éveiller les consciences et intensifier la pression sur le gouvernement de Pékin de manière à ce que ce dernier arrête immédiatement d’assassiner des membres de son propre peuple pour faire du profit. Un compte-rendu révisé qui inclut des preuves accablantes devrait être publié un peu plus tard ce mois-ci.
 

    Bien que je n’ai pas prévu de le développer davantage dans le cadre limité de ce colloque, je vous donne toutefois cet important élément de réflexion : chaque ère a ses moments déterminants, ses mouvements déterminants. Il est possible que le Falun Gong soit précisément une de ces questions qui affectera l’héritage de l’humanité d’aujourd’hui. J’espère que ceux qui participent à cette conférence aideront à mettre fin à cette atrocité des temps modernes qui se déroule en Chine. 

  • Ouïgours (une communauté ethnique d’origine Turque vieille de 4000 ans et vivant en Asie Centrale): La campagne « frapper fort » qui est une campagne monter par le gouvernement central chinois contre les Ouïgours, se poursuit et il en est résulté davantage d’arrestations au moment du 50ème anniversaire de la région Ouïgours. Les répressions religieuses et autres sont encore d’actualité. Par exemple, de nombreux Ouïgours sont sans emploi, mais le gouvernement de Pékin a envoyé des milliers de gens de Chine Continentale pour moissonner le coton. La langue Ouïgours ne doit pas être enseignée dans les écoles alors qu’il s’agit de la langue officielle de leur région.
 
 

S’ENGAGER DANS LA CONFIANCE 

L’heure n’est-elle pas venue pour s’engager dans une stratégie confiante, qui ferait appelle à une coopération amicale avec le gouvernement chinois, mais qui comprendrait également des discussions sur des problèmes comme les droits humains, les conditions de travail, l’état de droit et l’environnement. Sur le plus long terme, nos intérêts nationaux sont complémentaires. Ne pas tenir compte ou minimiser de telles questions n’encourage pas à un comportement plus responsable.  

  • Des pratiques environnementales meilleures: Prenez les émissions de CO2 de la Chine, le gaz à effet de serre le plus courrant et première cause du réchauffement de la planète. Dans les 7 prochaines années, Pékin prévoit de mettre en service 562 installations industrielles fonctionnant uniquement au charbon, ce qui correspondrait à près de la moitié de ce type d’installations dans le monde. On estime que 400 000 ressortissants chinois meurent tous les ans de cancer du poumon et de maladies de coeur associées à la pollution de l’air. 16 des 20 villes les plus polluées au monde se trouvent en Chine. Que fait le gouvernement chinois pour lutter efficacement contre le réchauffement de la planète ?
  • Les problèmes concernant les droits humains : Amnesty International a écrit : « Des contrats économiques valant des millions de dollars américains déterminent la politique de l’UE vis-à-vis des droits humains en Chine ». La même chose se passait également au Canada jusqu’à ce que le premier ministre Harper l’année dernière demande à ce que l’on adopte une approche plus équilibrée face à la Chine.
  • Pourquoi ne pas proposer des avantages si on consent à faire des réformes ? L’Inde par exemple, avec qui tous les pays démocratiques devraient chercher à établir des relations stratégiques, devrait être invitée à se joindre au G8 parce qu’elle est un pays démocratique ayant le respect des droits humains, des média libres et compétitifs, un état de droit et des tribunaux indépendants. Pourquoi les membres de l’UE et du Canada ne cherchent-ils pas activement à augmenter le commerce avec des pays comme l’Inde pour promouvoir davantage les valeurs démocratiques qu’ils représentent ? J’ai été étonné de constater la dernière fois que j’ai examiné la question, que le montant total des échanges commerciaux entre l’UE et l’Inde ne dépassait pas 1.7%, la plupart de ses échanges étant avec le Royaume Uni. Des actions positives envoient un message au gouvernement chinois selon lequel le progrès dans ces domaines est essentiel pour être accepté au sein de la communauté internationale responsable.
 
    1. Considérons un autre acteur déterminant dans la construction de la paix dans le monde – La Russie
 

Malgré une longue histoire de désaccord en matière de droits humains entre l’UE et la Russie, (l’autre voisin immédiat du Canada), les échanges commerciaux augmentent rapidement et tout particulièrement dans le secteur de l’énergie. A l’heure actuelle, plus de la moitié des échanges commerciaux de la Russie se font avec les pays de l’UE. L’Allemagne et la Russie se sont mis d’accord pour construire un pipeline qui passe par la mer Baltique. La Pologne a élevé des protestations, en disant que la Russie utilise son pétrole pour exercer une pression politique sur l’Europe. Moscou ne souhaite sûrement pas que l’Europe s’implique de façon plus politique et économique avec les anciennes républiques socialistes, et en particulier avec l’Asie Centrale. La Turquie, en tant qu’éventuel membre de l’Union Européenne, permettrait d’accéder plus facilement aux régions d’Asie Centrale, rendant les européens moins dépendants du pétrole russe.  

En fait, la diplomatie liée au pétrole est en train de devenir un puissant outil de manipulation politique. Les dirigeants politiques russes montrent qu’ils manipulent avec aisance ce nouveau langage diplomatique en menaçant les nations voisines d’arrêter de les fournir en pétrole ou d’augmenter son prix si jamais elles faisaient quelque chose qui déplaise au Kremlin.  

Être dépendants du pétrole russe rendra probablement les dirigeants européens moins enclins à faire pression sur la Russie en matière de transparence et de violations des droits humains. Pourtant, il faudrait – constamment - rappeler aux dirigeants russes que la Russie fait partie du Conseil de l’Europe depuis 1996 et que par conséquent, elle doit se soumettre aux conventions européennes des droits humains. Sa demande d’adhésion n’était-elle pas basée sur la condition de satisfaire aux critères du Conseil en matière de démocratie pluraliste, d’état de droit et de respect des droits humains ? Certains d’entre nous pensaient que l’amélioration des droits humains en Tchétchénie était la condition principale pour accepter la Russie au sein de l’Assemblée (Résolution 1055). Y a-t-il suffisamment de gouvernements qui évoquent franchement du déclin de la démocratie et des droits humains en Russie ? Que font tous nos gouvernements pour manifester notre inquiétude persistante à propos des meurtres connus de 43 journalistes en Russie depuis 1993, dont celui de la très respectée Anna Politkovskaya ? 

De nos jours et aux yeux du monde, la légitimité est, pratiquement partout, un des objectifs centraux de la diplomatie. La réputation d’un pays se fait maintenant suivant le degré d’influence qu’il peut avoir sur les autres. Si par le passé, le degré d’influence était principalement défini par l’arsenal nucléaire, les bombes et les fusées, les posséder à l’heure actuelle ne suffit pas pour exercer une réelle influence sur la communauté des nations. Même les Etats-Unis ont fini par accepter cette nouvelle réalité. L’aura de la légitimité est devenue une matière première tout à fait précieuse, ce que les gouvernements de Russie et de Chine ont bien compris.  

Attendu qu’il est fort peu probable que la Russie soit expulsée du Conseil de l’Europe, quel serait le meilleur endroit pour entreprendre une démarche constructive ? Strasbourg a demandé avec insistance à Moscou de se joindre à la Cour Criminelle Internationale de façon à ce que la Russie réponde davantage de ses actes pour sa conduite en Tchétchénie et ailleurs. L’importance de la cour est en train de grandir en tant que partie intégrante de la structure du droit international. Malheureusement, 3 des 5 membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies (Chine, Russie et Etats-Unis) refusent de rendre des comptes à la cour, dont l’objectif principal est de punir les auteurs de crimes contre l’humanité.  

6 Stabilité Internationale 

Malheureusement, de nombreux conflits dans le monde entier sont soit aggravés dans l’intérêt d’autres nations, soit des conflits par personne interposée, également dans l’intérêt d’autres nations. Les nations démocratiques peuvent-elles s’unir pour créer un ensemble de principes solides afin d’assurer la croissance durable d’une démocratie représentative et d’une façon correcte de gouverner de par le monde ? Comment ces principes devraient-ils guider nos relations avec les autres nations de façon à s’assurer que les principes largement acceptés aujourd’hui par la communauté internationale ne soient pas invariablement déconsidérés et méprisés ? 

La Chine et la Russie (comme les Etats-Unis) savent bien manipuler la communauté internationale par le biais du commerce, de l’accessibilité au pétrole et aux autres ressources naturelles. La France, l’UE, le Canada et d’autres nations peuvent-ils accepter de plein gré un ordre politique dans lequel les pouvoirs principaux ont des positions différentes et parfois même incompatibles dans leur façon de traiter les questions de l’environnement, le respect des lois et les principes gravés dans la loi internationale ?  

CONCLUSION 

Dans l’exercice de leur pouvoir, les membres de l’UE et le Canada devraient manifester une initiative plus ferme et plus rigoureuse pour faire avancer les principes fondamentaux qui nous sont si chers. Nous ne devrions plus permettre que nos politiques étrangères soient menées principalement en vue des profits escomptés par les multinationales ou par l’intérêt flagrant du court terme. La politique économique et la politique internationale devraient avoir des fondements différents et des objectifs différents. 

L’UE et le Canada devraient partout promouvoir les valeurs de la démocratie, de la dignité humaine et du respect des droits humains. Ceci fait partie aussi de nos responsabilités en tant que membre du groupe démocratique que sont les Nations Unies.  

Il faudrait une réforme des Nations Unies par l’augmentation du nombre des membres du Conseil de Sécurité et par la réforme du pouvoir du véto.  

Chacun d’entre nous dans cette salle aujourd’hui, que nous soyons membres d’organisations civils, que nous soyons des élus, des journalistes ou des personnes privées, nous devons tous activement faire pression sur nos gouvernements respectifs pour qu’ils engagent des politiques et prennent des décisions en faveur de la paix, de la justice et de la démocratie, dans leur propres pays et sur le plan international. 

Vous pouvez taxer cela d’idéalisme, mais tôt ou tard, les idées portent leurs fruits. C’est l’Europe et les européens qui ont créé l’idée de la Paix Perpétuelle. Au cours du siècle dernier, cet idéal n’a pas été suffisamment pris au sérieux et a souvent été perçu comme idéaliste. Et pourtant, les idées, leur histoire, leur maturation ont un pouvoir immense, comme le dit si bien votre concitoyen et penseur Michel Foucault. Aujourd’hui, pratiquement un siècle après la création de la ligue des nations, la première organisation internationale, nous avons fini par comprendre que la paix n’est pas seulement une vue de l’esprit. Cela exige de nous beaucoup de travail, de patience, de courage et de principes partagés par nos peuples, nos sociétés civiles et nos leaders. Le Canada ainsi que ses citoyens prennent ces idéaux très au sérieux. Ce qui fait que le Canada et l’Europe sont très proches malgré la distance géographique qui séparent nos continents. 

Home Books Photo Gallery About David Survey Results Useful Links Submit Feedback